Facteurs de risque
La personne en situation d’itinérance évolue dans un environnement qui présente des facteurs de risque qui influencent son état de vulnérabilité. L’itinérance, visible ou cachée, est un phénomène préoccupant marqué par la grande pauvreté, l’isolement et bien souvent la maladie physique ou mentale. Il n’y a pas de portrait unique de l’itinérance ni une seule réponse à offrir. En comprenant mieux les facteurs de risque qui, individuellement ou ensembles, rendent les personnes plus vulnérables, cela permettra de mieux les identifier et agir en prévention.
La présente section met en lumière certains indicateurs ou facteurs de risque qui permettent de placer la réalité de la personne en situation d’itinérance dans un contexte socio-économique plus large. Un quatrième indicateur présente des points de bascule qui sont trop souvent liés à un ou de multiples épisodes d’itinérance.
Logement
Lorsque le marché locatif se resserre et les logements abordables deviennent plus rares, les personnes peuvent être forcées à louer un logement insalubre ou trop cher pour leurs moyens. Plus ces facteurs sont en cause, plus il est probable qu’une personne perde son logement et, sans autres ressources, vive un épisode d’itinérance.
Le taux d’inoccupation des studios a baissé de plus de moitié entre 2015 et 2018 à Montréal (RMR), passant de 4,1% en 2015 à 1,5% en 2019.
Dans chacun des grands secteurs de la région de Montréal, les personnes vivant seules représentent environ 50% de tous les ménages locataires.
La baisse de 2018 est presque aussi importante que celle observée en 2017, signe que le marché locatif se resserre depuis maintenant deux ans sur le territoire montréalais.
SourceLe prix moyen d’un loyer à Montréal pour un studio est passé de 604$ en 2017 à 641$ en 2018.
Notons dans le rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sur la région métropolitaine de Montréal que le loyer moyen est de 796$, soit une augmentation de 2,5%
SourceLe taux d’effort en matière de logement est le rapport entre les dépenses engagées pour l’habitation principale et le revenu disponible. Il mesure le coût du logement dans les ressources des ménages.
Accès aux logements sociaux et abordables - des actions sont nécessaires pour faire une réelle différence.
Selon l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), quelque 22 000 personnes sont en attente d’un logement social. Le délai pour obtenir un logement peut varier de quelques mois à plusieurs années. Il dépend de plusieurs facteurs: nombre de ménages en attente, catégorie et grandeur du logement requis, pointage obtenu, etc.
SourceLa Ville de Montréal a annoncé en 2018, une stratégie de développement de 12 000 logements sociaux et abordables qui permettra peut-être de répondre à cette demande.
Pauvreté
La pauvreté se vit de plusieurs façons. Elle se manifeste par une vulnérabilité financière qui peut fragiliser la santé mentale et physique des personnes et mener à la perte d’un logement. Plus les personnes sont vulnérables, plus un événement imprévu risque de mener à un épisode d’itinérance. La perte de logement peut avoir plusieurs conséquences à court et à moyen terme.
De ce nombre, 65% avait entre 18 et 64 ans et 52% était des femmes.
SourceCette proportion grimpe à 60% dans le cas des revenus inférieurs à 50 000$. La majorité de ces locataires sont des personnes vivant seules.
Le taux de faible revenu chez les personnes seules était de 27,7% en 2016.
SourceInsécurité alimentaire
L’insécurité alimentaire est un état dans lequel se trouve une personne, ou un groupe de personnes, lorsque la disponibilité d'aliments sains et nutritifs, ou la capacité d'acquérir des aliments personnellement satisfaisants par des moyens socialement acceptables, est limitée ou incertaine
En 2018, le Bilan-Faim fait état de 640 951 demandes d’aide alimentaire comblées grâce à Moisson Montréal. Ceci représente :
- Près de 185 000 personnes aidées mensuellement;
- Plus de 133 000 paniers de provisions;
- Près de 350 000 repas au total.
L’insécurité alimentaire est un aspect important de l’environnement des personnes vulnérables. À titre d’exemple, La Mission Bon Accueil a mis en place des épiceries gratuites (Sud-Ouest et Montréal-Nord) qui viennent en aide à chaque semaine à 3 000 Montréalais à faible revenu. Cela représente près d’un million de kilogrammes de nourriture distribués chaque année, dont 78% de nourriture fraîche et périssable.
SourceÀ titre d’exemple, les services d’hébergement d’urgence comme La Mission Bon Accueil, la Mission Old Brewery, l’Accueil Bonneau et La Maison du père servent plus de 3 000 repas chauds et nutritifs tous les jours aux hommes qui fréquentent leurs services. De leur côté, le Pavillon Patricia Mackenzie et Chez Doris, qui accueillent des femmes vulnérables, servent plus 250 repas par jour à leurs usagères, sans compter les quelques 75 paniers alimentaires d’urgence distribués tous les mois. Plusieurs autres organismes offrent également de l'aide alimentaire.
La variation annuelle de l'indice des prix à la consommation des aliments (variation annuelle moyenne) : 145,1 en 2018 au Québec (vs 129 pour l’ensemble de l’indice des prix (ou salaire)).
Caractéristiques des personnes ayant sollicité de l'aide alimentaire à Montréal en 2018 :
- 42,3% de ménages avec des enfants;
- 46,1% des personnes seules aidées par Moisson Montréal.
Points de bascule
Une fois fragilisées au niveau économique, par la perte d’un emploi ou un problème de santé, les personnes peuvent basculer en itinérance au moindre choc : dépense imprévue, perte de source de revenu, perte du logement, violence familiale, etc.
Les points de bascule régulièrement identifiés pour expliquer les épisodes d’itinérance sont la sortie d’institutions (centres jeunesse, établissements de détention, hôpitaux) et la perte de logement. Il faut agir en amont sur ces déterminants et bien planifier les sorties d’institution afin d’éviter que les personnes se retrouvent en situation d’itinérance.
35% des itinérants ont des problèmes de santé mentale au Canada et, chez les femmes, ce taux grimpe à 75%.
À Montréal, on parle de 2% de la population adulte qui souffre de troubles graves et de longue durée et de 29% qui seront aux prises avec une dépression majeure ou des troubles anxieux ou encore des troubles liés à l'usage de drogues ou d'alcool.
SourceLe projet de réaffiliation en itinérance et santé mentale (PRISM), créé en 2013, offre un accès durable aux soins de santé mentale aux hommes et aux femmes en situation d'itinérance. Il a été conçu spécifiquement pour pallier certaines des défaillances du système auprès de ces personnes. Ils rapprochent notamment les services des lieux qu’elles fréquentent normalement, que ce soit le refuge, les centres de jours pour personnes itinérantes, ou même les lieux publics tels que le métro, les parcs, les gares, les centres d’achat ou la rue. En regroupant l’ensemble des services médicaux et psychosociaux dans un programme communautaire complet, le PRISM parvient à court-circuiter l’étape de l’intervention policière suivie d’un transport forcé et d’un séjour à l’hôpital. On évite ainsi ces expériences vécues comme des agressions ou des traumatismes par les personnes en situation d’itinérance. Depuis les débuts du programme, qui a été lancé il y a cinq ans, le taux de succès est évalué à 75%. Le PRISM est offert à la Mission Bon Accueil, à l’Accueil Bonneau et à la Mission Old Brewery.
Selon les données déclarées par la police, la violence entre partenaires intimes était le type de violence le plus souvent subi par les femmes (45 % de toutes les victimes de sexe féminin de 15 à 89 ans).
Au Québec, selon les données déclarées par la police en 2017, 16 978 femmes sont victimes de violence aux mains de partenaires intimes.
SourceCoût de ne rien faire
Le projet Chez Soi évalue qu’à Montréal, le coût moyen des services pour une personne itinérante vivant avec une maladie mentale est de 56 406 $ par année, un montant semblable à ce que dépensent Toronto 58 972 $ et Vancouver 53 144 $. À Winnipeg, ce montant se situe à 45 565 $ alors qu’il est de 29 610 $ pour Moncton.
Ce coût annuel comprend entre autres :
- 9 416$ Hospitalisations psychiatriques
- 3 464$ Prison provinciale
- 4 666$ Hospitalisations santé physique
- 4 244$ Refuge
- 1 483$ Urgences et ambulance
La même étude démontre que pour chaque dollar investi dans des programmes de type Logement d’abord, environ les trois quarts sont épargnés en d’autres services, notamment pour les services hospitaliers et psychiatriques.
Une importante partie des coûts des investissements dans la lutte contre l’itinérance, notamment au moyen de programmes de type Logement d’abord, sera compensée par une réduction de l’utilisation des services d’urgence (ambulance, hôpitaux, police, refuges, logements de transition). Ces services assurent aussi une meilleure qualité de vie pour les individus.
Source #1 Source #2